La Princesse de Babylone, chapitre XI - Extrait 5

Nobles et chastes muses, qui détestez également le pédantisme et la pédérastie, protégez-moi contre maître Larcher !

Et vous, maître Aliboron, dit Fréron, ci-devant soi-disant jésuite, vous dont le Parnasse est tantôt à Bicêtre et tantôt au cabaret du coin ; vous à qui l’on a rendu tant de justice sur tous les théâtres de l’Europe dans l’honnête comédie de l’Écossaise ; vous, digne fils du prêtre Desfontaines, qui naquîtes de ses amours avec un de ces beaux enfants qui portent un fer et un bandeau comme le fils de Vénus, et qui s’élancent comme lui dans les airs, quoiqu’ils n’aillent jamais qu’au haut des cheminées ; mon cher Aliboron, pour qui j’ai toujours eu tant de tendresse, et qui m’avez fait rire un mois de suite du temps de cette Écossaise, je vous recommande ma princesse de Babylone ; dites-en bien du mal afin qu’on la lise.

Je ne vous oublierai point ici, gazetier ecclésiastique, illustre orateur des convulsionnaires, père de l’Église fondée par l’abbé Bécherand et par Abraham Chaumeix ; ne manquez pas de dire dans vos feuilles, aussi pieuses qu’éloquentes et sensées, que la princesse de Babylone est hérétique, déiste et athée. Tâchez surtout d’engager le sieur Riballier à faire condamner la princesse de Babylone par la Sorbonne ; vous ferez grand plaisir à mon libraire, à qui j’ai donné cette petite histoire pour ses étrennes.

La Princesse de Babylone, Voltaire, 1768, chapitre XI.

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